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Alerte : Pullulations de Chenille Légionnaire Africaine aux Comores

Le 23 février, une alerte a été lancée à la FDGDON par un ressortissant comorien concernant des invasions de chenille aux Comores. En effet, l’information a été relayée par la presse comorienne. Contactés, les scientifiques du Cirad en missions sur les îles alentours confirment également cette information car ils sont à l’origine de l’identification du ravageur. Il s’agit d’une noctuelle, la Chenille Légionnaire Africaine, Spodoptera exempta. Originaire d’Afrique, elle cause des ravages sur de nombreuses Graminées (ou Poacées). Elle est aujourd’hui répandue dans plus de 30 pays africains mais aussi en Amérique du Nord, en Australie, en Asie, à Mayotte et à Madagascar (cf cartographie EPPO). En 2012, des pullulations importantes ont eu lieu à Mayotte sur les abords de l’aéroport de Pamandzi avec plus de 50 chenilles/m². Ces pullulations ne sont plus réapparues par la suite.

Cette noctuelle est absente à La Réunion mais une espèce cousine Spodoptera frugiperda a été détectée chez nous en 2018. Les chenilles ne passent pas inaperçues sous leur forme grégaire. En effet, d’abord verdâtre, elles deviennent noires bleuâtres avec de fines lignes jaune clair sur les côtés au cours de leur développement. En Afrique, Spodoptera frugiperda (originaire d’Amérique), depuis son introduction en 2016, partage le même biotope que S. exempta et leurs dégâts sont conjoints sur les cultures. Les papillons des 2 espèces sont de couleurs brunes et les mâles ont une tache claire à l’extrémité des ailes et vivent une quinzaine de jours. Ces 2 espèces se confondent donc très facilement sans une analyse des organes génitaux ou une analyse moléculaire (barcoding). Les femelles peuvent pondre 1 000 œufs au cours de leur vie à raison de 100 à 400 par nuit. Les œufs sont pondus groupés en dessous des feuilles et recouvert d’écailles. Les chenilles atteindront au sixième et dernier stade une taille de 2,5 à 3,5 cm avant de se nymphoser. En Afrique, il n’est pas rare d’observer des pullulations spectaculaires de 1 000 chenilles au m².

Comme S. frugiperda, les adultes, de 2 à 3,7 cm, peuvent se disséminer à plusieurs centaines de km de leur lieu d’émergence. La canne à sucre, le maïs, le riz et le sorgho seront les plantes hôtes cultivées les plus impactées par S. exempta. Cette espèce se multiplie également sur toutes les herbacées sauvages qui poussent aux abords des routes et des champs.

D’après la bibliographie, les invasions sont consécutives à des fortes pluies (dans les 3 semaines qui suivent). Au Congo, les invasions ont été gérées de manière alternative avec l’utilisation du Bacillus thuringiensis. Dans d’autres pays africains, les fourmis sont attirées dans les champs de maïs pour tuer les chenilles. Une vérification de chaque cœur de maïs afin d’éliminer manuellement les chenilles est aussi réalisée De nombreux autres auxiliaires présents naturellement (Coccinelles, perces oreilles, staphylins, guêpes, punaises, parasitoïdes, etc.) sont aussi favorisés pour la lutte biologique. Des recherches sont aussi en cours pour une lutte biologique à l’aide d’un virus. Les mâles peuvent être capturés à l’aide d’une phéromone sexuelle et un piège englué. Leurs captures permettent d’alerter les producteurs afin d’intervenir rapidement dès l’apparition des premières chenilles.

Rester vigilant sur vos exploitations. Si vous observez des chenilles similaires, signalez-le rapidement à la DAAF ou à la FDGDON pour confirmation de l’espèce.

Contacts :

DAAF, Service de l’Alimentation 0262 33 36 68

FDGDON-Réunion 0262 45 20 00 ou 0692 28 86 02